dimanche 5 décembre 2010

Coup de pompe

Constater que le temps s’accélère reste l’apanage des personnes d’âge mûr, des Milfs en quelque sorte. Pourtant, en se penchant un instant sur l’actualité politique, sociale ou artistique, on doit honnêtement se résoudre à ce constat.
Il y a encore quelques semaines, les fumigènes affrontaient les gaz lacrymogènes. Mais très vite, le manifestant dut acheter ses victuailles alimentaires et payer le loyer. Abandon. Le grand ballet des balais motorisés et des agents municipaux s’attela à laisser place nette. Résultat: un pétard mouillé. Fin de la contestation sociale.
Côté jardin et art, les news brûlaient plus intensément qu’un fatal radiateur. On ignore si le 2 octobre 2010, Noël Mamère distribuait dans sa bonne ville de Bègles des tracts pour la légalisation du cannabis. Par contre, à cette même date, une poignée de bégleux d’un soir vit distinctement le fougueux Cantat rejoindre ces terres maternelles et offrir un cadeau de Bertrand à tout un peuple rock & roll. Sept ans déjà, depuis le meurtre de Marie trintignant.
Deux mois également, depuis la Torture Garden qui émoustilla le tout Paris underground. À cette occasion, on découvrait la nouvelle icône du monde caoutchouté, le phénomène Rubberdoll. Comme moi, elle avait un temps de retard et surestimait la capacité française au désordre. L’affolée prévoyante stockait du gazole dans ses énormes seins. Une pompe vivante vous dis-je! Ses réservoirs étaient bouchés par deux pudiques croix de Saint André. Priorité à droite. La belle n’aime pas la CGT.


La Dame de latex

Des costumes en rouge et noir, ou vert kaki.
Des sourires qui ne veulent pas tomber et des lèvres qui s’étirent, sans cesse, sur les côtés.
Un feu d’artifice qui gicle des seins.
Un homme (celui de Rubberdoll) qui ressemble à un membre d’Indochine, de Kyo (cherchez sur Youtube, je vous assure que ce groupe aujourd’hui retenu dans les oubliettes, a réellement existé), Superbus ou Mozart l’opéra rock. L’heureux élu remix d’ailleurs le One Trip One Noise de Noir Désir pour illustrer le clip de présentation de sa dulcinée. Le blouson noir a le cuir dur.

Voilà l’Univers (mot préféré du jury des Nouvelle Star, Star Ac et autres…) de Rubberdoll. De la couleur, de l’humour, du fun!
Or, le BDSM (Bondage, Domination, Sado-masochisme) nécessite une certaine subversion. Peut-on tolérer que le porno-extremo devienne, aussi facilement et avec autant d’élégance, porno-rigolo? Peut-on démocratiser la pratique interdite? Le grand jour ne risque-t-il pas de consumer ces vampires tout de latex vêtus?
Effectivement, la nature même du trash exige la confidentialité, la cachette.
La première raison est extra-porno: la société ne peut tolérer que des personnes se « maltraitent ».
La seconde raison se situe, au contraire, intra-porno. Puisque la société doit réprimer le trash, le dominant se trouverait freiné, en pratiquant au grand jour, par des interventions policières ou la vindicte populaire. Le dominé, lui, éprouverait un sentiment de sécurité et son plaisir s’en trouverait amoindri.
Dans cette histoire, la clandestinité met tout le monde d’accord. On peut parler d’accord gagnant-gagnant: concept cher à Ségolène Royal. À propos, qui n’a jamais rêvé de ligoter sensuellement la très sexy souveraine du Poitou? De la gaver de chabichou? De l’entendre crier: « Assez d’AOC! Assez d’AOC!»

Avec Rubberdoll, on se trouve face à un BDSM qui reste underground mais recherche la joie populaire, le rire communicatif. L’artiste voudrait-elle, à la manière du phénomène Lady Gaga, immiscer une esthétique trash adoucie afin de conquérir le grand public? Non. Les œuvres de Rubberdoll restent pornographiques, donc interdites aux mineurs. Le marché se restreint. Ses robes en latex coûtent la peau du cul. Comme peau de chagrin, le marché rétrécie encore.
La plantureuse brune désire plutôt casser un certain élitisme arty et underground. Oui à l’art, non à la prétention. Car Rubberdoll, trop cultivée, ne peut méconnaître cette donnée de l’imaginaire BDSM développé dans la littérature et le cinéma, ce fantasme fondateur: le pervers vient de la haute, ou du caniveau.

Élitisme BDSM: la perversion en espace clos.

Trois films appartiennent forcément au bagage culturel de la nouvelle égérie latex: Belle de jour, Maîtresse et Pulp Fiction.

Dans Belle de jour (1967), Luis Buñuel malmène la superbe Séverine Sérizy (Catherine Deneuve). Ô joie! La blonde s’ennuie dans sa vie de bourgeoise parisienne et n’accorde son cul à son mari qu’à dose homéopathique. Pourtant, elle dit l’aimer. Alors, devant cette impasse, notre chère Séverine se réfugie dans des fantasmes masochistes. Finalement, elle se fait réellement embaucher dans un appartement bordélique quoique bien rangé et sentant la rose. D’abord hésitante, elle finit par bien s’entendre avec ses collègues prostituées. Sa double vie se déroule tranquillement lorsque surgit une racaille édentée, sorte de Joey Starr blanc (décidemment, on n’invente jamais rien). Il tombe amoureux d’elle et… téléchargez ce film de suite. Hadopi? C’est du bluff!
Bref, on retrouve ici le fondement du fantasme BDSM par excellence: le bourgeois désire s’encanailler.

Même technique dix ans plus tard dans Maîtresse (1976). Barbet Schroeder nous montre un pauvre couple Depardieu/Ogier (Bulle de son prénom, important pour la suite). La pauvre fille tant actrice que victime de la décadence parisienne, s’acharne à préserver la pureté de son amour naissant avec Depardieu, un provincial inexpérimenté. Oui, notre Gégé en candide. Y croit-on?
Le bourgeois vient se soumettre à madame et Depardieu finit par assister son amoureuse dans ses pratiques interdites. Schroeder garde l’entité bourgeois mais remplace le voyou par le paumé. Une fois encore, ce monde-là est inaccessible à l’individu lambda.

Dernière grande œuvre: Pulp Fiction. Film totalement grand public. Palme d’or 1994, note maximum sur tous les magazines télé lors des rediffusions cathodiques, triomphe critique et commercial. Le succès total.
Pourtant, Zed sodomise bien profond Marsellus Wallace pendant que son acolyte, l’archétype BDSM, attend patiemment ligoté et sage. Le public, aussi grand soit-il, se sent gêné mais finit par rire aux éclats devant une scène… de viol.
Tarantino lui-même pousse le caractère hilare de cette scène. Les répliques claquent et Bruce Willis, comme dans un jeu vidéo, prend le temps de choisir ses armes. Pourtant, répétons-le, on assiste à un viol. Quentin construit une scène malsaine mais le public ne retient que les blagounettes. Le piège fonctionne.

Du film d’auteur (réputé intellectuel) au film mainstream de qualité, on retrouve toujours la même recette, le même type de création de personnages. La pratique sexuelle extrême est réservée aux riches (qu’on aime s’imaginer particulièrement pervers) ou au voyou et au marginal. L’extrême exclue le pratiquant « normal ».
Le phantasme BDSM ne peut se permettre d’accepter en son sein les nuisibles ouvriers, ouvriers qualifiés, cadres inférieurs, boulangers, pâtissiers, tapissiers, agents de recouvrement du Trésor Public, professeurs de psychologie appliquée, cavistes, éboueurs, pilonneurs, spécialistes des moines norvégiens du XIIe siècle, confectionneurs asiatiques de chaussures old school Nike, mannequin de mollet droit ou de triceps gauche pour photographe du catalogue La Redoute, plombiers… Quoi que? Nos amis docteur es tuyauterie sont les nouveaux Crésus. Le cercle BDSM s’ouvre à eux.

La Révolution Rubberdoll

Devant ce triste constat, on attendait un vengeur masqué révolutionnaire. Rubberdoll!
La reine caoutchoutée ne désire pas crever la paroi de la grotte BDSM pour y laisser entrer caméras, photographes et casseurs de délicatesse torturo-érotique. Elle veut plutôt flécher simplement, avec humour et détachement, le chemin que chacun peut tranquillement emprunter, à son rythme, pour découvrir le monde épanouissant du BDSM.
Elle démocratise la pratique sexuelle bizarre.
Elle rassure car elle rit. Elle rassure car elle ressemble à une attraction de cirque, à un clown sympathique. Elle rassure car elle avoue spontanément au journaliste de Tracks: « Je ne suis pas une dominatrice ».

http://www.arte.tv/fr/Echappees-culturelles/tracks/3460994.html

Avec Rubberdoll, l’individu lambda peut parfaitement intégrer le microcosme BDSM. La belle fait tomber le fantasme de la communauté underground constituée soit de bourgeois décadents, soit de racailles. Elle accueille la normalité.

Les portes sont ouvertes! Les nouveaux participants doivent maintenant s’adapter au jeu, et non l’inverse. Tout cela doit se dérouler en douceur pour le bien-être de chacun. Pour y arriver, le BDSM doit préférer l’imagination à la domination. En effet, les pratiques spectaculaires du bondage ou de la soumission ne représentent qu’un élément d’un scénario convenu entre les différents protagonistes. Imaginons par exemple une scène où la femme doit dominer l’homme. Le schéma est classique. Mais, il faut imaginer pourquoi l’homme va être puni, comprendre quel est son « crime » et les liens qui unissent les deux personnages… Bref, conter avant de dompter.
Alors, on ne se trouve plus vraiment dans un rapport de dominant-dominé mais plutôt dans une entente entre deux acteurs qui incarnent chacun un rôle.
Voilà une nouvelle rassurante. Ces nouveaux pratiquants du BDSM trouveront leur plaisir dans l’incarnation d’un personnage imaginaire. Ils préféreront le jeu de rôle aux coups de fouet.
Alors, la princesse plastique invente des costumes et accessoires qui ne peuvent que fluidifier l’imagination. On pense par exemple à ses ravissantes reconstitutions latex de casquettes de l’armée rouge ou à ses uniformes vert-Wehrmacht. Et, au milieu de ces formidables joujoux, on peut s’éclater en incarnant des personnages formidables. Un dictateur par exemple ou, lorsqu’on est gentil, le résistant idéal, le héros puissance 40, le super héros. Le voilà, le rôle que tout le monde s’arrache!

Le Super héros

Le super héros évolue systématiquement dans un univers en crise. C’est la chienlit insécuritaire à Gotham, la menace d’une guerre génocidaire dans Xmen, la loi de l’argent et la corruption politique dans le New York de Spider Man (ok, rien de bien terrible dans ce dernier exemple, mais Peter Parker est puceau, soyons indulgent).
Plus intéressant encore, la crise dépasse parfois l’univers de fiction. En 1940, Look publie une planche où l’on voit Superman soulever Hitler par le colbac et le menacer d’une droite « strictement non aryenne ». L’affaire prend une telle ampleur que Goebbels, ministre de la Propagande nazie, lance cette exclamation: « Superman est juif! ».
Le super héros pourfend les salauds de fiction et provoque les bourreaux du réel.
Quoi de plus fantastique (surtout en période de paix, avec le chauffage bien pointé sur la puissance 3 du thermostat) que de pouvoir ressembler à ces personnages-là, bons et courageux? Ce nouveau BDSM abordable permet de jouer au héros entre adultes consentants.
Et nous, les femmes? À quels rôles pouvons-nous prétendre?
Supergirl? Batgirl? Tristes féminisations et transpositions ridicules. Catwoman? Poison Ivy? L’amoureuse magnifique Harley Quinn? Les bat-vilaines sont les personnages féminins les plus intéressants. Et Rubberdoll, avec son humour, avec ses accoutrements rouge et noir, avec ses accessoires lubriques rigolos, fait forcément penser à la petite chipie du joker: personnage sous-exploité et mon héroïne de B.D préférée toute catégorie confondue.

Mais, où trouve-t-on des femmes intéressantes du côté des gentils? Finalement, on n’en retient qu’une. Une seule. Wonder Woman!!! Cette super héroïne aux origines amazones (donc lesbienne si je reprends la théorie du duc de Jom Puan exposée dans son dernier article) fut longtemps considérée comme une féministe. De plus, rappelons ses armes principales: un lasso et des bracelets pare-balle. Cela ne vous évoque rien? Dans l’épisode 3, notre héroïne s’amuse à ligoter des femmes et à les habiller de fourrures. Toujours rien? Le très réactionnaire Fréderic Wertham comprit, lui, très rapidement, de quoi il était question. En 1954, le psychiatre publie The Seduction of The Innocent, un pamphlet moraliste contre les comics. Wonder Woman serait une affreuse féministe gouine adepte du bondage et appelant à la révolte du sexe faible. Bref, une héroïne qui aime le BDSM mais s’engage hors de son microcosme, pour la communauté. Merveilleux!

Le Fun ou le coup de pompe

Sortez capes, loups, sexrangs, superlubri, costumes moulants en vinyle ou latex, batgode, Hulkogram (complément alimentaire agrandisseur de pénis bien connu du monde du catch avec, pour seul effet secondaire, une coloration vert-morve du zizi lorsqu’il se fâche et trouve l’érection), spider-strings (en toile arachnide)… Imaginez-vous en Sex Buthor ou Misstric!
Ces jeux de mots à deux pièces rouges d’euros montrent tout de même comment le BDSM, devenu abordable, se charge de fun. Rubberdoll ouvre cette voie. Et, ces nouveaux pratiquants "normaux" peuvent désormais s’amuser sans aucun prout prout underground et sans s’obliger au sexe extrême.

Devenir un héros: l’apanage de l’âge juvénile, des babes en quelque sorte. Rubberdoll appelle à une révolution par le FUN! Un grand soir qui ne sera ni rouge, ni noir, mais rose!
Le peuple a terminé ses manifestations. Mais, ce mardi 7 décembre, nous allons retirer nos billes des banques. Je ne suis pas économiste, je n’y connais rien. Cantona est beau. Son appel m’enthousiaste. Le FUN triomphe du coup de pompe.
Retour côté jardin et art. La campagne de Bègles a tourné au fiasco. Serge Teyssot-Gay embrasse désormais l’oubli pour éviter la honte. De l’autre côté de la Garonne (proche de la place de la Bourse), son ex-ami (le frileux au dos en compote) continue de déblatérer ses sermons, et de récolter les royalties directement versées par Vivendi. Les moralistes au bûcher! Le peuple rock&roll a perdu son Templier, son Clerc préféré. Tant mieux. Fin de la flagellation permanente. Je salue au passage mes amies de la journée de la jupe. Le FUN triomphe du coup de pompe.
Quant à Rubberdoll… elle reviendra. Elle est la seule à rendre le coup de pompe FUN. Voilà son génie.
Coup de pompe à la chaîne. Les pompistes sont réapprovisionnés.
Coup de pompe pour regonfler notre super héroïne Rubberdoll.
Coup de pompe dans la gueule de ses ennemis. Coup de pompe dans sa propre gueule.
Coup de pompe. Je vais me coucher.


Milady d'Ivers

lundi 9 août 2010

Tout bon, tout beau, tout blanc.

Décors immaculés, musique de type relaxation de mémé à la gymnastique volontaire du village, optique chargée de différents filtres superbes; Belladonna réalise une œuvre magistrale.
Heavy Petting ou tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les lesbiennes sans jamais oser débander.

Belladonna
Rappelons pour les non-initiés qui est Belladonna.
Née pendant l’année 1981, le 21 mai (date du dernier jour des seigneurs taureaux, puissants, nobles et purs; et veille du début de l’ère des gémeaux, signe homosexuel comme tout scientifique respectable sait), la petite Michelle Anne Sinclair voit le jour dans l’hôpital militaire de la Keesler Air Force basée à Biloxi dans le Mississipi.
Le papa de Michelle est capitaine dans ce corps d’armée et la famille Sinclair profite ainsi des voyages permis par la formidable profession de militaire. La jeune fille découvre la choucroute allemande et ses saucisses, les lacs humides et les rocs dressés de l’Idaho, la fistalité (heu, fiscalité) sympathique du Delaware, avant d’effectuer un bref séjour californien et de se fixer, finalement, dans l’Utah. Ici, elle grandit dans un foyer mormon. Rappelons que cette religion autorisa longtemps le mariage plural c’est-à-dire, la polygamie. L’Utah détenait d’ailleurs un grand nombre de foyers polygames jusqu’à la fin du XIXe siècle lorsque Wilford Woodruff interdit définitivement ces pratiques. Désolation des fidèles considérant que le zizi valait bien une messe.
Puis, Belladonna s’émancipe. Parcours classique cette fois. Beaucoup de striptease avant le coup de fil d’une amie qui lui propose une rencontre avec des contacts pouvant la faire poser dans un magazine. Direction Los Angeles. Elle explique à l’agent ses désirs de ne travailler qu’en solo ou avec des femmes. Mais le grand homme la raisonne en lui expliquant la difficulté de percer dans ces conditions, surtout avec un corps aussi tatoué. Premier contrat enfilé (Real Sex Magazine # 31), Belladonna s’apprête à conquérir le monde.

Paternel militaire + éducation mormone = star du x tatouée et hardcore.
Car personne ne choque mieux qu’un enfant bien élevé. Mais le bambin, même turbulent, recherche souvent la bénédiction familiale. Le succès faciliterait-il le pardon du père?
Peut-être. Mais, réussir dans le porno, c’est pousser loin les limites du corps. Belladonna doit sa réputation à des performances physiques rares. Elle réussit des gorges profondes exceptionnelles, montre une envie de sexe sale et, la peau déjà recouverte de fresques, transforme ses orifices en véritables grottes de Lascaux. Le pardon recherché et qui serait facilité par le succès, nécessite le recours à des moyens extrêmes et plus condamnables encore par les détracteurs du porno. Belladonna se retrouve piégée car, excepté la grande Clara Morgane, on connaît peu de stars du X brillant par leur sagesse.
Pour quand une Belladonna hexagonale? Réponse: on n’a pas tous la chance d’avoir des parents villiéristes.

Tendresse saphique et subversion

Belladonna s’impose très vite comme l’une des spécialistes du film lesbien. Capable d’une élasticité corporelle caoutchoutissime, la Belladonna réalisatrice exige beaucoup des actrices qui l’accompagnent.
Ainsi, dans The ConnASSeur tourné en 2004 et pour lequel elle reçoit l’AVN award du meilleur film un an plus tard, Belladonna tient fermement la queue de cheval de sa partenaire et rapproche son visage d’une gamelle bleue pour l’obliger à laper du lait. L’autre obéit avec plaisir et se conforme par la suite à tous les usages: masturbation énergique, gorge profonde sur gode ceinture, anulingus, etc.
La belle franchit encore un cap en compagnie de Tori Lane dans Belladonna’s Fucking Girls 3 ( 2006). Les ébats entre les deux débutent alors que Belladonna nettoie avec professionnalisme les Water closet. Tori Lane vient l’exciter et elles lèchent bientôt le rebord de la cuvette. Lors de cette formidable séquence, nos hardeuses confondent langue et balayette, cyprine et javel Lacroix, salive et Canard WC gel anti-bactérien.
Et là, dans Heavy Petting, rien de tout cela.
Place aux étreintes tendres, aux doux baisers, à l’effeuillage contrôlé des petits hauts, aux révélations lentes des seins durs et lourds. Point d’insultes, point de performances sportives, point d’agressivité (à part de rares exceptions), point de compétition basée sur la capacité d’accueil des divers orifices, point de sex-toy intimidant. Bref, un autre aspect du lesbianisme.
Alors, cette tendresse annihile-t-elle la subversion?
La pensée commune (et je pense qu’elle a raison) veut que l’acte sexuel majoritaire soit davantage constitué de caresses et de mots doux que de fessées et de jurons. Alors, nous devons bien le reconnaître, Heavy Petting perd tout caractère rebelle. Belladonna rejoint pour un temps la nouvelle mode très intéressante du film porno pour femme. Cette dernière tendance s’illustre dans des œuvres chères et stylisées. Mais surtout, et c’est là la grande nouveauté qui l’éloigne du porno-chic standard, l’acte sexuel en lui-même s’adoucit.
Belladonna arrête pour un temps de choquer et propose un film pour femme qui rend presque superflu le « parental advisory ». Bref, une oeuvre à voir en famille ou entre amies.

La sirène, l’amazone et le gazon maudit.

Notre porno star punkette comprend combien l’entité lesbienne allie violence et douceur. Les deux sont indissociables. Ils sont le Yin et le Yang, le pile et le face, le noir et le blanc, Docteur Jekyll et Mr Hyde, Belle et Sébastien ou la Bête, au choix.
Pour bien comprendre cette théorie, retournons-nous vers deux grands mythes antiques. Nous nous rendrons compte que la figure de la Sirène incarne parfaitement cette lesbienne douce mais dangereuse tandis que le mythe de l’Amazone représenterait davantage l’homosexuelle à la violence frontale de type butch.

Tout près du détroit de Messine - recrutées par les déjà nombreuses mafias locales de Sicile pour repousser les curieux venus du large - les sirènes (qui comme chacun sait, sont toutes des gouines) charment les navigateurs en marinière Jean-Paul Gaultier (c’est le pompon!) à l’aide de leurs chants voluptueux, puis les baisent morts et les dévorent avec avidité. La technologie de l’époque ne permettait pas aux embarcations de prendre une vitesse suffisante pour semer ces tentatrices carnivores. Malheureux qui comme Ulysse n’a pas connu l’hélice.

Du côté de Cappadoce (actuelle Turquie), on rencontre les amazones. Ces guerrières font dans le genre casque lourd (presque à pointe), culture physique et Krav-Maga. Sans oublier les quatre à cinq heures d’entraînement quotidien au tir à l’arc qui leur font vite acquérir un niveau de précision que le futur guignol anglais de la forêt n’a jamais pu atteindre. À ce sujet, la totalité de ces guerrières n’hésitent pas à se couper le sein droit afin qu’il ne les gène pas lors de cet exercice. « Et les gauchères? » interrogent scientifiques et sceptiques tandis que les artistes imaginent la gueule des films pornos de l’époque. Ces jolis brins de femmes aiment également estropier ou tuer les individus mâles qui deviennent leurs esclaves. On trouve ici la différence fondamentale entre sirène et amazone. La femme cogne, cette fois, sans charmer au préalable. Elle ne te séduit plus pour te dévorer. Non. Elle te fout des grands coups de latte en pleine tronche, t’envoie des giclées de mouille acide (seulement les XXX Women) et ensuite, t’arrache les couilles avec ses incisives aiguisées.

Davantage amazone que sirène, plus pirate que conspiratrice libertine, la femme libérée du XXe siècle (selon Belladonna bien sûr) aborde les conflits frontalement. Le mouvement butch reste la manifestation la plus significative de ce nouveau rapport lesbosocial (tu perds ton sang-froid).
Qu’est-ce qu’une butch?
Butch : petit diminutif affectueux du mot anglais « butcher » qui signifie « boucher ».
Voilà, tout est dit. Pour résumer, il s’agit d’une nouvelle société de femmes lesbiennes, costauds, avec le crâne rasé et portant des gros souliers à lacets très épais. En 1968, Valérie Solanas publie son tract SCUM Manifesto qui prône l’émasculation de tous les hommes. Un projet peut-être intéressant d’un point de vue artistique mais heureusement difficilement réalisable. Puis, le 3 juin 1968, elle tente d’assassiner son ancien mentor Andy Warhol. Une balle atteint sa cible mais l’artiste Pop-Art survit. Je me souviens d’un hurluberlu, qui, raillant cette femme étonnante, me tint un jour à peu près ce langage:

« C’est bien les femmes ça! Ça veut couper les glaouis de tous les mecs qu’il y a sur terre et c’est pas foutu de buter, avec un flingue, un artiste garage à bite complètement shooté! »

Soit.
Belladonna arbore parfois un look complètement butch mais, ce qui la différencie de la plupart de ses congénères, c’est qu’elle reste incroyablement désirable, excitante, bandante. Bonne.

Issue d’un milieu familial conservateur, Belladonna tente de percer dans le porno et de devenir la meilleure. Elle y parvient rapidement grâce à ses prouesses physiques extraordinaires. Alors, persuadée que le cinéma X reste avant tout, une affaire de performance, elle s’enferme dans des films durs, rock’n’roll et explorant les profondeurs. Sa conception du cinéma girl-girl est à l’avenant. Pourtant, Heavy Petting montre l’évolution de la réalisatrice/actrice. Il s’agit du film de la maturité. La porno-star s’accorde tout simplement le droit de réaliser une œuvre différente. Lassée de jouer les amazones, Belladonna rêve des créatures aquatiques.
Decors blanc. La sirène nage dans du lait. Irréalité. On pense à la salle immaculée du MUSAC de Léon ou aux murs de Cube² en se disant qu’on accepterait volontiers l’enfermement.

Les trois petits couples de cochonnes.

Heavy Petting se compose de six duos féminins.
J’ai décidé de ne m’intéresser qu’à la moitié des séquences. Je laisse donc volontairement de côté trois scènes, certes de qualité et avec des actrices de classe, mais qui ne reflètent pas très bien les nouvelles expériences cinématographiques de Belladonna. Chassez le naturel, il revient au galop. Les duos Ann Marie Rios/Karlie Montana, Melrose Foxxx/Misty Stone (ne pas confondre avec Missy Stone) et Madison Ivy/Lexi Belle; restent excitants et je vous les recommande. Néanmoins, je préfère me concentrer sur trois chapitres absolument fascinants.

Leah Parker + Mia Presley

Haut les mains! Peau de lapin! La maîtresse en maillot de bain!
En effet, l’espèce d’accoutrement sportswear dont les deux belles sont affublées ressemble étrangement à un maillot de bain. Une fois passée la séquence introductive tout en filtre, on découvre leur véritable couleur: gris. Quelle tristesse.
Pas si sûr! Car, au fur et à mesure de la scène, l’imagination du spectateur invente une histoire et son cœur bat la chamade.
Bon sang mais c’est bien sûr! Ces maillots de bains sont si laids qu’il doit s’agir d’uniformes de baignade d’un vieux collège anglais. L’une de ces deux jeunes bourgeoises, traumatisée dès l’enfance par la mort d’un être cher noyé dans un lac nommé Loch Ness, refuse les exercices de natation pourtant au programme des épreuves de fin d’année. Le professeur, issu de la middle class et ayant réussi à intégrer le staff enseignant à la grande force du poignet (il devait donc, quand même, être un peu branleur), asticote cette petite gamine de riche. Il la force à aller dans l’eau. La belle tente, timidement, d’argumenter. Le ton monte. Elle finit par craquer nerveusement et pleure. Alors, une autre élève vient la consoler et incendie l’homme d’insultes bien trouvées. Dégourdie, la rebelle remet en cause l’autorité naturelle et administrative de l’éminent professeur d’EPS. Elle raccompagne sa camarade aux vestiaires. Dans cette salle immense, elles se retrouvent seules. Les remerciements commencent.

Parker a la peau mate d’une étudiante espagnole gosse de riche en Erasmus à Cambridge. L’épiderme blanc de Mia Presley prend formidablement la lumière et sa frange, so british, termine de la positionner en petite élève britannique type.
Laquelle console l’autre? Je vous laisse répartir les rôles.

Missy Stone + Angelica Raven

Missy Stone en blanc, Angelica Raven en noir.
Début mesuré. Raven est assise, adossée à Stone qui lui déguste la nuque et les oreilles. Missy Stone a un regard bovin et une figure qui la rapproche des personnages reconstitués par Tim Burton. Elle ressemble moins à une poupée qu’à une figurine articulée. Forte de cette beauté étrange, elle vient dominer facilement Angelica Raven qui reste, néanmoins, un formidable exemple de beauté latine italienne. Belladonna met en scène la rencontre entre la coquine charismatique (Missy Stone) et la dame de grande allure (Angelica Raven).
Cette scène brille par sa lenteur. Les deux s’embrassent, se caressent et on a même droit à un langoureux léchage de pinous. Fétichisme des pieds = patte de Belladonna.
Stone finit par coucher la belle brune au bout d’un quart d’heure. Les deux restent encore habillées et notre actrice burtonienne, repérant la bretelle tombante de son vêtement, la replace. Cette fois, nous venons de dépasser les quinze minutes et les superbes seins d’Angelica Raven sont enfin dévoilés. Il faudra attendre encore la vingtième minute (j’ai l’impression de commenter un match de foot) pour que Belladonna ose filmer entièrement le sexe de notre latine.
Missy Stone laisse alors Raven reprendre l’initiative. La brune semble moins sûre et hésite. Alors, en élève douée, elle mime et reproduit les gestes que la lolita de plastique vient de lui enseigner. Mais pendant que Raven (notre dame débutante) doigte sa partenaire, la jeune aguicheuse se caresse le clitoris. Ce détail s’avère être très important car il montre une Missy Stone active tandis que, quelques minutes avant, Angelica Raven, elle, ne bougeait pas et ne souhaitait surtout pas intervenir lors des caresses de son amante. Par ailleurs, Belladonna refusait de filmer la chatte de Raven en gros plan mais n’hésite pas à zoomer sur l’orifice de Stone. Même la réalisatrice respectait la « première fois » de la dame latine.
Tout ceci n’est que mise en scène. Evidemment, Angelica Raven n’est pas moins expérimentée que Missy Stone. Les deux adoptent une posture et incarnent un personnage de fiction. Voilà tout. Belladonna dans sa direction d’acteur et sa réalisation, laisse percevoir des situations. Quel talent!

Georgia Jones + Faye Reagan

Pour comprendre la fièvre de ces étreintes, on ne doit jamais oublier que le couple Faye Reagan/Georgia Jones existe à la ville comme à la scène. Et oui, les deux sont de véritables girlfriends.
Georgia Jones, magnifique petite brunette aux cheveux longs et minuscules seins plantés type Crazy Horse, appartient à cette nouvelle race d’actrices X belles et glaciales, désirables et intimidantes. En l’admirant, on ne peut s’empêcher de penser à Megan Fox. Les plus cultivés, eux, feront l’analogie avec Sasha Grey.
N’ayons peur de rien dans ces dernières lignes et avouons haut et fort une chose: Georgia Jones est presque aussi belle que Sasha Grey; mais ne lui arrive pas à la cheville. Nous expliquerons peut-être un jour pourquoi.
Georgia Jones, si elle ne peut pour l’instant tenir la comparaison avec Sasha, n’en demeure pas moins splendide, intéressante et enivrante. Sa concubine, elle, fait vraiment partie des grandes stars du X; des très, très grandes.

Faye Reagan a longtemps été planquée derrière un pseudonyme (« Faye Valentine ») pour ne pas nuire à son papa politicien et ex-acteur de westerns et séries B ( Je le confesse, ces informations sont fausses. Trop tard. Ils montent déjà jusqu’à mon appartement. Si vous me retrouvez morts: « C.I.A m’a tuer »).
La rouquine ne donne pas dans la performance sexuelle ahurissante, elle ne correspond pas non plus à un canon classique de beauté pornographique. Enfin, nous ne pouvons pas considérer que les amis hauts placés de son père aient encouragé une telle carrière. Le porno encourage le pistonnage, certes, mais bien profond.
J’entends déjà quelqu’un m’opposer l’argument qui voudrait que ce soit le rouille de sa crinière qui propulsa la belle au premier rang. Je réponds que la teinte de ses cheveux contribue seulement à la bizarrerie de sa beauté. Car l’adjectif « étrange » colle à Reagan.
Mon détracteur connaît-il une autre femme ressemblant autant à une maquerelle traditionnelle des saloons américains du XIXe siècle qu’à une gamine tout juste revenue de sa répétition de pom pom girl ?
Connaît-il une autre femme avec des seins aussi superbes que leurs tétons, soufflés à la levure, sont des suçous pour bébés (les anglophones appellent cela « puffy nipples ») ?
A-t-il déjà rencontré une minette aussi jolie et qui pourtant, pendant les fellations, creuse tellement ses joues que son visage se charge d’un rictus spectral et cadavérique?
A-t-il regardé beaucoup de peaux aux taches si densément colorées que même un piercing nasal se retrouve camouflé et passe totalement inaperçu (détail très pratique pour la première rencontre avec les parents d’un éventuel boyfriend ou girlfriend en l’occurrence) ?

Je m’arrête ici. Cette artiste mériterait bien une critique entière de Bonnet & Clyt. Milady ou moi-même nous en chargerons une prochaine fois.

Conclusion

Je ne peux, pour finir, que vous recommander une nouvelle fois ce petit bijou pornographique. Une dernière chose, rappelez-vous ce mot bien trouvé de ce cher Pierre Doris qui disait:

« Il y a les filles comme il faut et les filles comme il en faut. »


Bien cordialement

Le Duc de Jom Puan






samedi 15 mai 2010

Rose, c'est Paris


Avant-tout-propos

Je dois prévenir mes lecteurs et anticiper ainsi, d’une certaine manière, les possibles reproches qui éventuellement et même, extraordinairement, pourraient m’être adressés. Je n’ai visionné ce film qu’une fois lors de sa diffusion sur Arte un dimanche soir. Le début m’a même échappé et mon état tertiaire (récupération d’un samedi + lever aux aurores pour me rendre à l’église) empêchait toute concentration véritable. Cependant, je fus immédiatement interpellée par cette œuvre et j’essaie ici d’en proposer une simple présentation. De plus, étant absente de Paris un certain temps, je ne peux me rendre à l’exposition et regrette l’inexistence d’un DVD à un prix abordable (support qui semble pourtant particulièrement adéquat à une œuvre filmique). Mais bon, allez demander à l’artiste d’avoir le capitalisme intelligent.



Nice Paris, Nice Betty, Nice People

Paris! Paris cadré! Paris monté! Paris travelingisé! Mais Paris réalisé! Réalisé par lui-même, réalisé par son peuple avec le concours des cinéastes de la France, avec l’appui et le concours du cinéma français tout entier c’est-à-dire du cinéma français qui crée, c’est-à-dire du seul cinéma français, du vrai cinéma français, du cinéma français éternel.

Dans Paris (bon), Paris je t’aime (pas bon), Paris de Klapisch (pire), Paris brûle-t-il? (historique), Paris Nympho (tellement supérieur aux quatre cités précédemment).
Et arrive le petit dernier, le bébé, fruit des entrailles de Bettina Rheims fécondées par la dense semence de Serge Bramly. Nice Betti esthétise le récit Bramlette et Bramlant. Elle photographie, il filme. L’ancien couple amoureux est recomposé.


Deux œuvres de Rheims sont connues du grand public: la photo officielle de Jacques Chirac président de la République Française et le clip vidéo du méga tube aérobicien Voyage, Voyage de Desireless. Mais Rheims c’est surtout le reportage photo sociolo-érotique (on se rappelle son enquête sur le milieu transsexuel). Cette fois, accompagnée de Serge Bramly, place à l’imaginaire!

L’enfant se nomme Rose, c’est Paris. Nous suivons les pérégrinations parisiennes de B à la recherche de sa sœur jumelle Rose, disparue on ne sait comment. B se transforme, se déguise, charge sa face de différents masques, son corps de moult costumes. Et, changée , cachée, elle effectue sa quête dans un Paris à la modernité goudronnée et la pierre décadente. Enquête? Voyage initiatique?
Le film prend rapidement la forme d’une galerie de portraits, d’une succession de situations réalisées comme autant de courts-métrages distincts les uns des autres. Et B, peu à peu, se perd dans sa schizophrénie dévorante. Sa recherche est un échec. Elle ne retrouve pas sa sœur. A-t-elle jamais existée? N’était-ce qu’un double?

Je t’aurai Fantômas, je t’aurai!!!

Comme nous le disions, B multiplie ses diverses identités afin de s’infiltrer dans les différents milieux sociaux qu’aurait fréquentés sa sœur. Rheims revendique l’influence du personnage de Fantômas créé par Pierre Souvestre et Marcel Allain. L’appel à l’homme bleu saute au visage comme œuvre adorée des surréalistes, comme œuvre qui souffle au mauvais élève Klein son concept d’IKB, c’est-à-dire d’art bleu.
Cet héritage artistique, souvent pictural, fascine Bettina Rheims davantage que le personnage de criminel génial. Elle revendique la source par admiration des ruisseaux, préfère les dérivés à l’original et oublie même, sauf erreur de ma part, d’inclure à son casting Mylène Demongeot ( formidable fiancée blonde de Jean Marais dans l’adaptation ciné d’André Hunebelle avec en prime un De Funès fantastique).

Et si Betiramly se trompait de référence? S’il confondait Fantômas et Fantômette!
Et, pourquoi pas?
L’allégorisation des différents personnages féminins, c’est du Fantômette. Ficelle, meilleure amie de Fantômette, rêve, invente. Distraite, elle se fait sans cesse gronder par son institutrice Mademoiselle Bigoudi. Détestant l’Histoire de France, les mathématiques, l’orthographe, elle se passionne a contrario pour les princesses, l’Egypte, le squelette (non pour son aspect scientifique mais parce que sa bizarrerie lui permet de rêver). Ficelle, c’est la victoire de l’étrange sur la loi.

Pourtant, pas de bibliothèque rose pour Betiramly.
Pas de Ficelle, sauf celles des strings qu’arborent ces superbes modèles.
Ni méchants sympathiques, ni masques; mais des loups érotiques.
Pas de Framboisy (ville de Fantômette) mais Paris. Paris jaloux de Framboisy. Car Paris doit devenir cet espace hors du temps, tellement incompatible avec son statut de capitale de la France, de la Mode, du Goût, de l’amour. Alors, Bettina ruse. Elle choisit d’utiliser le noir et blanc et prive ainsi la Ville-Lumière de sa couleur (génial ou facile?). Elle ponctue son film de chapitres portant tous le nom d’un lieu parisien célèbre ou intime. Elle tente d’éloigner la ville de sa réalité. Son arme fatale, la légende urbaine.
Qu’est-ce qu’une légende urbaine? Une rumeur qui, tellement répétée, devient patrimoine culturel. Ainsi, ces histoires, souvent effrayantes, intègrent un folklore plus ou moins sympathique. Modernité oblige, ces légendes sont de plus en plus diffusées par le biais d’internet. N’avez-vous jamais entendu parler du « sourire de l’ange » ou de la piquouse infectée du virus du SIDA laissée sur un siège de manière à contaminer le prochain cul?
B, avec sa bande de punks et petites frappes en tout genre, empoisonne des roses qu’elle vend aux amoureux transis. Fantômas, Fantômette, Poison Ivy, Batman? La liste des personnages « absents » se fait plus longue que celle des présents. Il est là, le parfum formidable.

Paris sert de réservoir.
Il est l’espace des possibles mais en aucun cas, ne devient central. N’importe qu’elle autre mégapole aurait fait l’affaire. Rheims choisit la capitale de son pays, nous ne nous en plaindrons pas et disons merde au roi d’Angleterre qui nous a déclaré la guerre!

Paris n’est pas le sujet, la chatte et les nibards, si

Les femmes sont trop présentes pour laisser, même à une ville comme Paris, une pointe d’intérêt. L' oeil se trouve sans cesse capturé par l’érotisme noir et blanc. Le cerveau, lui, compare les corps et choisit ses préférés du moment. La distance critique, enfin, admire un casting proche de la perfection.


Laissons tomber l’actrice qui porte merveilleusement le double rôle de B/Rose.
Observée. Jugement: formidable. Impossibilité de re-visionnage. Commentaire impossible.
Cette actrice ressemble étrangement à Jaime King, interprète de la blonde Goldie dans Sin City. Rose, c’est Paris, je dois l’avouer, m’a rappelé l’épisode où Mickey Rourke, alias Marv, veut venger sa Goldie. La gémellité ( B/Rose dans l’un, Wendy/Goldie dans l’autre), la blondeur, la quête (ou vengeance), les bombes sexuelles en noir et blanc; autant d’éléments présents dans l’univers de Miller.
Voici l’unique propos que je tiendrais sur la protagoniste.

Revenons plutôt sur la performance d’artistes que je connais mieux.
Nina Roberts, Flo d’Esterel, Axelle Mugler, Angell Summers, Milka Manson.
Bref, le club des cinq réconcilié. Oubliées les tensions, petites piques et crêpages de chignon entre Flo d’Esterel et Angell Summers. La blonde à gros seins n’hésitait pas à tailler une guêpière à sa collègue blonde à petits seins. Le récent Hot D’Or obtenu par cette dernière avait sans doute attisé toutes les jalousies et convoitises. Cette fois, la hache de guerre est enterrée et ceci, sans doute, grâce aux efforts incommensurables de Nina Roberts pour encadrer le conflit de ses deux cadettes. La jeunesse allait trouver sa maman.
Ici, le numéro des cinq actrices pornos frôle la perfection. Dominé par Nina, le groupe évolue en dessous chics qui, n’en déplaisent à Gainsbarre, dévoilent beaucoup. Attitudes des corps, regards fixes, poses inconfortables, maquillage sombre, chat à neuf queues, cuir rock’n’roll, épingles et clous punks mais fauteuils voltaire, tableaux de Moreau et bronzes Goudot. Porno rock? Porno fin-de-siècle? Les deux mon capitaine. Génial!
Nina et ses autres sirènes mènent le bal sado-chic avec maestria et distinction. Car le fouet, dans Rose, c’est Paris, a ses embouts matelassés. Rheims et Bramly atténuent sans cesse la violence. L’esthétisation maximale des situations conflictuelles, ou de combats, ou de dangers; poussent à un étouffement de la peur ou du rejet que devrait ressentir le spectateur. Les nibards sont jolis et les coups, en plus, ne font même pas mal.

Le Guest

Naomi Campbell, Valérie Lemercier, Charlotte Rampling, Jean-Pierre Kalfon, Monica Bellucci, la sœur de Lio, Inès Sastre, Lénine, Maurice Szafran, Louise Bourgoin, Michelle Yeoh…

Guest stars = invités qui apparaissent et que tout le monde est content de retrouver: « Oh! Regarde! C’est Valérie Lemercier! Qu’est-ce qu’elle fait dans ce film? Elle est vraiment trop cool cette meuf! »

Content:

Le public retrouve des visages qu’il connaît. Cela le met toujours en joie et en plus, il trouve cela très très drôle.

L’artiste guest peut modeler son image médiatique sans gros travail. Un acteur trop grand public va par exemple s’empresser d’apparaître dans un film d’art et d’essai.

Le réalisateur-hôte ajoute de la valeur ajoutée à son film, s’éclate à diriger une star et conserve un budget équilibré.


Pas content.
Le critique ouvre les guillemets et lance sa tirade ( à prononcer avec un ton pédant):
« Franchement, Bettina Rheims m’avait habitué à des choix esthétiques bien plus marqués. D’ailleurs ne commettrait-elle pas une erreur facile en utilisant tous ces invités? Je sais que cela plaira au public plébéien mais moi, en tant que spectateur intelligent, et je le dis sans pédanterie ni sentiment aucun de supériorité par rapport à mes semblables (d’ailleurs je suis socialiste); je déteste ces procédés faciles. L’utilisation de la « guest star », j’ emploie ce mot à regret vous le comprenez bien les amis. Les anglicismes et cet américanisme triomphant, globalisant… bah, caca. Enfin, bref, ces apparitions de personnalités célèbres prouvent que Bettina Rheims favorise le tape à l’œil au détriment de la cohérence diégétique. »

La célébrité qui n’est pas dans le film estime que le casting est très mauvais et que ses collègues ne parviennent pas à « apporter réellement le supplément d’âme qui fait que l’acteur s’extirpe de sa pauvre condition d’acteur pour élever son art au-delà d’une certaine qualité. Une certaine qualité d’homme par exemple. Essence même de la condition artistique. » (à prononcer avec un ton pédant mais un peu moins que précédemment).

Le réalisateur non-hôte se rend compte que ses chambres sont vides et pleure.

Enfin, qui est guest star? Prenons l’exemple d’Ally Mac Tyana. Elle devient guest star si l’on considère son formidable travail d’actrice dans Gradiva sous la direction d’Alain Robbe-Grillet ( père du nouveau roman, grand personnage de la littérature et de l’art français, immortel puisque ancien membre de l’académie française). Si, au contraire, on préfère rappeler son travail avec John B. Root, elle retombe malheureusement dans la catégorie des actrices « normales ». Et croyez bien que je le déplore.

Je me suis désaltérée à la vue de cet étonnant spectacle, rassasiée même, car, aussi étonnant que cela puisse paraître, Bettina Rheims parvient à marier ferme et ville. Elle nous fait picorer ses situations parisiennes. Bravo ma cocotte.



Milady d’Ivers

mercredi 5 mai 2010

Pirates II: La revanche ne stagne pas.

Synopsis.

Le capitaine Reynolds (Evan Stone), pirate froussard et prétentieux, reprend la mer aux côtés de Jules (Jesse Jane) et Olivia (Belladonna). Il s’agit d’abord pour les pirates d’obtenir la bienveillance du gouverneur (Ben English). Mais, pendant ce temps, la grande capitaine chinoise Xiefeng (Katsuni) prépare la résurrection de Stagnetti (Tommy Gunn), prince du mal. Une course contre la montre s’engage alors entre les deux navires. Qui remportera la victoire? It can be only one!
L’aventure marine peut avoir lieu. Evan Stone affrontera un dragon et sera sauvé de justesse par Belladonna. Jesse Jane, empoisonnée par Katsuni, deviendra encore plus affamée de sexe. Shay Jordan, cherchera à tout prix à se faire épouser.
Un grand film épique!

Le cinéma X, le pastiche.

Pastiches et grosses miches écrivait le grand Umberto Eco.
Nous ne reviendrons pas sur certains chef-d’œuvres nés de la volonté parodique de réalisateurs de génie ( Christian Lavil reste sans doute le champion français en la matière: Le Petit puceau, Le Père Noël est une pointure...)
Pourtant, à travers le diptyque d’Ali Joone (nous utiliserons à loisir son nom ou son prénom pour le nommer), nous ne sommes plus dans la création potache et bon marché qui me tient tant à cœur. En effet, il s’agit moins de réaliser une parodie de Pirates des Caraïbes que d’utiliser la figure romanesque du pirate et l’esthétique marine. D’ailleurs, il semble difficile d’établir une analogie cohérente entre les deux créations cinématographiques. D’accord, le seigneur asiatique incarné par Katsuni se nomme Xiefeng (Chow Yun-Fat jouait Sao Feng dans la version originale). D’accord, Jesse Jane reprend les codes vestimentaires d’Elizabeth Swann (interprétée par Keira Knightley). D’accord, le brun des cheveux de Belladonna répond à celui de Johnny Depp. Pourtant, la comparaison prend rapidement fin.
L’univers de la piraterie fascine Joone bien davantage que l’œuvre de Verbinski (directeur des trois Pirates des Caraïbes). Le réalisateur y développe son univers sexuel. L’océan peint un bleu romantique. Le vent excite les voiles et, caressant les réseaux textiles, les gonfle. Le vaisseau fend alors la mer avec désir et sauvagerie.

Brimer la fucking coque et accentuer le mouillage.

Joone ne se contente pas de décors merveilleux et déjà si érotiques mais se laisse aller à fantasmer la piraterie. Intervient alors ce qui, à mon sens, sous-tend la sexualité du film: le brouillage du genre féminin.
Les femmes sont-elles des hommes? Elles se battent, tiennent tête aux humains membrés, rattrapent les situations désespérées lorsque le capitaine Edward Reynolds (Evan Stone) se planque lamentablement derrière un tas de corde pour fuir l’ennemi. La femme-virile, la femme-couillue, la femme-homme, et, par conséquent, la femme qui aime les femmes. On ne compte pas moins de sept scènes (sur dix au total) faisant participer ensemble deux femmes ou plus. Peu nous importe de savoir si Joone effectua un travail documentaire en amont ou s’il intègre instinctivement le thème de l’homosexualité. Car, effectivement, la société marine et plus particulièrement celle des pirates subit la tentation homosexuelle. De plus, la lesbienne devient quasiment un personnage mythique. La lesbienne c’est la castratrice. La lesbienne, c’est celle qui jouit sans se prendre une grosse bite dans la chatte. La lesbienne, c’est celle qui fait hurler de rage le plus grand des pirates: Jack Rackham.
C’est de ce dernier que s’inspire Hergé pour créer Rackham le rouge. Mais, le marin a bel et bien existé. Il avait à son bord les deux femmes pirates les plus célèbres de l’Histoire: Anne Bonny et Mary Read. Leur vie se place sous le signe du travestissement. Rackham, lui-même, ignore très longtemps la féminité de Mary Read. Parfois, le travestissement remonte à l’enfance et devient traumatisme psychologique. Le frère de Mary décédé, la mère commence à l’habiller en garçon pour conserver l’aide financière qu’adressait la grand-mère à l’aîné. La conscience de l’injustice sexuelle marquera sans doute la petite Mary. Ô, si elle savait! Anne Bonny également cache par tous les moyens sa féminité et aurait tué un pirate qui eût découvert ses seins ronds et sa chatte poilue de pirate. Il existe une thèse sérieuse concernant la relation homosexuelle entre les deux femmes. Nous adhérerons, excités, à cette version des faits.
Joone s’appuie sur un matériau tant historique que fantasmatique. Cependant, le metteur en scène s’interdit de se faire inconsidérément sociologue et historien. Ses héroïnes (à la différence d’Anne, de Mary mais aussi d’Elisabeth Swann) ne cachent pas leur sexe. Il eût d’ailleurs été bien difficile pour une Jesse Jane d’aplatir ses seins plastifiés. En cela, Joone se fait moderne. Les conflits sexuels n’existent plus. Le sexe faible prend sa revanche. Jesse Jane lutte courageusement, Belladonna vient sauver la lopette du serpent géant et Shay Jordan maltraite son amant réticent au mariage. Le public tant masculin que féminin se délecte de ce renversement.


La Pirate


À la différence du premier volet, le casting, cette fois, frôle la perfection. Pirates XXX constituait un premier essai intéressant. Cependant, les actrices étaient bien trop sucrées.

Jesse Jane

Je l’élirais volontiers « plus belle blonde du cinéma actuel ». Laissons de côté ses deux énormes pastèques blanches qui cassent les pieds à certains (la belle les a-t-elle laissées tomber sur leurs pattes? Ouille ouille ouille). Personnellement, le silicone bien utilisé ne me dérange pas. Savoir un élément étranger, chimique et synthétique à l’intérieur d’un corps organique ne fait que décupler l’érotisme. Et, à choisir entre deux paires de seins identiques, l’une naturelle, l’autre siliconée; je ne garantis pas d’élire la première.
Je me permets de répéter une réflexion que j’avais rédigé dans mon journal il y a quelques années (quelle horreur que l’autocitation):
« La force de Jane réside dans sa lutte perpétuelle contre ce qu’engendre le jaune/blanc de sa chevelure. Jane demeure la blonde la plus canine que je connaisse. C’est une playmate qui s’échappe du manoir. Ses seins, gonflés artificiellement, tiennent de leur étau massif le scalp de Hugh Hefner. Ses yeux, étonnamment noirs sécrètent une substance pétrole comme si l’immense fondateur de Playboy l’avait, avant son assassinat, ensorcelée. Jesse se voit condamnée à porter ces yeux aveuglés, comme rapportés d’une autre personne. Ils marquent à jamais son visage, ils sont le signe du mal et l’accusent d’un crime abominable. Ils sont là pour qu’elle soit vue et non l’inverse. »

Katsuni

Et ne nous trompons pas sur la dernière consonne de peur de payer dommages et intérêts.
Notre française, malgré son regard asiatique, ne bride pas sa performance.

P: Combien de fois la voit-on dévêtue?
Q: Une fois mon capitaine.
P: Êtes-vous déçu?
Q: Un peu, mais ce qui compte c’est d’appartenir au film.

Nos dialogues philosophiques entre P et Q nous permettent souvent de comprendre plus aisément des notions complexes.
Katsuni suce, se fait enfiler par le chibriape chargé de Tommy Gunn, léchouille un peu le délicat minou de Jane. Durée: 5 minutes. Alors, bien sûr, je peux comprendre une certaine déception. J’imagine même la frustration extrême des fans de la superbe Chatte Soumise. Pourtant, l’important était « d’appartenir au film » comme l’explique formidablement Q.
En effet, Katsuni, malgré une absence de scènes X, brille de mille éclats. Elle incarne formidablement ce personnage méchant, sans scrupules, suppôt d’un Satan maritime. Son accent français volontairement extrêmement prononcé (il ne pourrait en être autrement quand on connaît son intelligence) capte le public américain. Digital Playground veut installer la belle dans son rôle de femme fatale méchante. Katsuni incarne l’autorité (on se rappelle sa formidable performance dans Nurse où elle arrache d'un coup, sans précaution ni anesthésie, une Barbie logée dans l'anus du patient Evan Stone ) et, en interprétant un rôle régulier, elle acquiert un emploi, une persona. On la limite à une fonction, quelle horreur?
Rassurez-vous, l’identification passe par la systématisation et; l’identification reste la voie la plus rapide vers la starification. Ensuite, notre Katsuni, fierté de tout le peuple de France, pourra toujours ranger ses griffes et prendre le public à contre-pied. Les oscars ne sont-ils pas sans cesse décernés aux rôles à contre-emploi? garde espoir petit branleur qui veut une Katsuni caressante…

Jenna Haze

Élève douée. Sa soumission toute en légèreté et gaieté nous touche. Haze confirme son statut de fille heureuse. J’adore ça, mais reste persuadé que cette performeuse conserve une marge de progression conséquente. Nous avons aussi remarqué combien Joone apprécie la culture française en rendant un véritable hommage déguisé à Angélique et le sultan réalisé par Bernard Broderie avec la superbe Michèle Mercier. Le personnage incarné par Jenna est une esclave si heureuse d'être vendue à un si beau capitaine (Stone) qu'elle offre son petit popotin. C’est ici que la signature joyeuse de Haze pose problème. En effet, son bonheur apparent vient banaliser la pratique de l’esclavage et témoigner, finalement, d’une bien drôle de mentalité.

Belladonna et Sasha Grey

Je te vois déjà m’adresser des réserves ô, toi, lecteur. D’autant que tu me connais et sais à quel point je voue un culte à ces deux actrices. Tu te dis: « Mais pourquoi traite-t-il de ses deux amazones préférées dans une seule sous sous… partie? Feu. »
J’aime tant Belladonna, la reine de l’Alt Porn.
Je suis tellement en admiration devant Sasha Grey, impératrice du canin fait femme et future méga star internationale de cinéma traditionnel (c’est-à-dire le cinéma grand public qui rejette l'élitisme pornographique).
Je n’en rajouterai pas. Un seul hic, les cheveux longs ne siéent pas à Belladonna. Passons.
L’une des scènes marquantes du film (et ma préférée) met en relation Belladonna et Sasha Grey. Et Evan Stone, accessoirement, pour diriger l’orchestre de sa baguette.
On assiste, que Belladonna l’accepte ou non, à un passage de témoin ou, tout au moins, à une confrontation entre deux générations. Belladonna (29 ans) lèche une muqueuse de 7 ans sa cadette. Les deux femmes, superbes, le pubis impeccablement dessiné, se livrent à des jeux érotiques fantastiques. Les deux chantres de l’agressivité sexuelle ébattent et combattent. Et, au royaume de l’Alt-Porn, la motivation des salopes passe par des encouragements. Sasha Grey prononce à la belle Donna des formules parfumées: « Give your fucking mouth to me ». Belladonna gifle Sasha, lui tire la toison comme pour lui arracher ces précieux fils organiques si délicieux au petit déjeuner. Sasha reprend vite le dessus et, de ses mains expertes, caresse la chatte et fiste le trou du cul de Bella. Mais, lors de cette scène, Grey se laisse aller à baiser goulûment mais surtout, tendrement, l'omoplate de sa partenaire. Le montage ne s'y attarde pas mais il est trop tard. On a tout vu. Un amour-salope règne entre les deux anges du vice. La réciprocité intervient. Belladonna enfouie sa tête entre les petites fesses à la recherche d'une quelconque matière qu'elle puisse garder en bouche, un goût onctueux, que le temps serait impuissant à altérer. Elles s’échangent encore avec délectation ce fantastique mélange salive/mollard qui, pendouillant à une lèvre, se voit gobé par une large bouche.
Justement, cette distribution de saveur, cette envie d'arracher, de détacher une partie du corps de l'autre pour le déguster à plaisir, témoigne d'un amour entre les deux.
Belladonna, en maîtresse experte et championne de la gorge profonde, force Sasha à une fellation renforcée. Le sperme jaillit d'un sexe couronné de doigts tatoués. Belladonna reste merveilleuse. Elle fait de Grey sa fille spirituelle et corporelle. Sasha lutte contre la tentation de la douceur et se livre à une performance de chienne; en un mot, elle remercie.
Je me trompais tout à l'heure.
Il ne s'agit en aucun cas d'un passage de flambeau. Il s'agit d'un adoubement.

Pirrate: le PIR RATE le meilleur.

Pirates II: film le plus cher de l’histoire du porno.
Pirates II: film porno utilisant (comme le premier volet) la technique du Blue Screen (avec écran vert comme son nom l’indique).
Pirates II: film constitué d’un scénario intelligent.
Pirates II: film comportant des scènes pornographiques assez courtes (cinq minutes et quarante secondes en moyenne) pour que tout le monde participe à la fête.

Vous le devinez sûrement, nous ne nous lancerons pas dans une analyse purement formelle de cette œuvre géniale. Lorsqu’un objet frôle la perfection, la critique se doit de déserter l’esthétique pour se concentrer sur l’éthique.
Joone engage un combat contre le médiocre
Le grand ennemi de l’industrie porno c’est le trop plein de créations, ces réalisateurs du dimanche qui osent soulever quelques kilos de caméra (parfois moins selon les modèles) pour capter images et sons. Un zizi par ci, une nana par là, un anus en plus… Joone voit le salut dans l’innovation et l’argent.

Votre serviteur, évidemment habitué des salons libertins de tous horizons, s’est souvent vu agressé par les défenseurs du porno pauvre et les détracteurs de l’ami Ali. Ils lui reprochent son œuvre ampoulée, son goût certain pour l’esbroufe, son irrésistible propension à la branlette esthétique dont le produit viendrait se loger dans leurs mirettes comme de la poudre dans des yeux. Les anti-Joone se rappellent comment le porno se doit de conserver le Do It Yourself punk et alternatif. Ils pèchent éthiquement par un excès moraliste, par une trop grande et commode pensée d’obédience gauchiste.

QUE PERSONNE NE ME TRAITE DE PENSEUR VENDU AU CAPITALISME

Je sors mes mouchoirs en papiers et torche mon corps de vos sarcasmes et diatribes! Je pense librement. Et ceux qui, autrefois, ont ouvert la voie lumineuse du cinéma pornographique, vous regardent avec mépris. Certaines réalisations à petit budget sont de véritables chefs-d’œuvre et je cracherai mon encre aussi souvent que nécessaire afin de les défendre. Mais j’affirme également que la plupart des réalisateurs amateurs ne font qu’imiter les véritables pornos (bons ou mauvais) qui ont défilé devant leurs yeux émerveillés. Le cervelet bombardé de fantasmes, Jacky le caméraman perd l’équilibre, oublie ses propres désirs et se contente de mettre en image ceux des autres.
Je l’affirme en toute humilité et sans aucun élitisme: la vie sexuelle de Jacky ne m’intéresse pas.
La technologie se rapetisse entre les doigts de Joone (voir le signe évocateur de Johnny Depp). Le Blue Screen, l’utilisation des filtres, l’interactivité de ses Virtual Sex… tous ces procédés, aussi complexes et intelligents soient-ils, ne constituent que le marteau dont se sert Joone, en architecte.
Ali, je le pense, ne se croit pas bon réalisateur. Il a tort. Je vois son manque d’assurance comme l’unique anicroche à un génie total.
Je partageais à l’époque un logis avec un ami encore très proche. Son visage s’illuminait devant les images d’Island Fever.
Le porno est un combat pour Joone. Un plan se doit de transpercer la banalité, un travelling porte l’estocade à la facilité et Pirates II part à l’abordage de la médiocrité ambiante.
« Le porno n’est pas artistique » disait un abruti. Joo-ne suis pas d’accord.

Bonus

Je ne résiste pas au plaisir de vous faire partager ce petit bijou d'humour et de créativité. J'ai longtemps attendu sa diffusion sur Cartoon Network, Disney Channel ou autre Gulli, en vain.



Bien amicalement,

le duc de Jom Puan