mercredi 5 mai 2010

Pirates II: La revanche ne stagne pas.

Synopsis.

Le capitaine Reynolds (Evan Stone), pirate froussard et prétentieux, reprend la mer aux côtés de Jules (Jesse Jane) et Olivia (Belladonna). Il s’agit d’abord pour les pirates d’obtenir la bienveillance du gouverneur (Ben English). Mais, pendant ce temps, la grande capitaine chinoise Xiefeng (Katsuni) prépare la résurrection de Stagnetti (Tommy Gunn), prince du mal. Une course contre la montre s’engage alors entre les deux navires. Qui remportera la victoire? It can be only one!
L’aventure marine peut avoir lieu. Evan Stone affrontera un dragon et sera sauvé de justesse par Belladonna. Jesse Jane, empoisonnée par Katsuni, deviendra encore plus affamée de sexe. Shay Jordan, cherchera à tout prix à se faire épouser.
Un grand film épique!

Le cinéma X, le pastiche.

Pastiches et grosses miches écrivait le grand Umberto Eco.
Nous ne reviendrons pas sur certains chef-d’œuvres nés de la volonté parodique de réalisateurs de génie ( Christian Lavil reste sans doute le champion français en la matière: Le Petit puceau, Le Père Noël est une pointure...)
Pourtant, à travers le diptyque d’Ali Joone (nous utiliserons à loisir son nom ou son prénom pour le nommer), nous ne sommes plus dans la création potache et bon marché qui me tient tant à cœur. En effet, il s’agit moins de réaliser une parodie de Pirates des Caraïbes que d’utiliser la figure romanesque du pirate et l’esthétique marine. D’ailleurs, il semble difficile d’établir une analogie cohérente entre les deux créations cinématographiques. D’accord, le seigneur asiatique incarné par Katsuni se nomme Xiefeng (Chow Yun-Fat jouait Sao Feng dans la version originale). D’accord, Jesse Jane reprend les codes vestimentaires d’Elizabeth Swann (interprétée par Keira Knightley). D’accord, le brun des cheveux de Belladonna répond à celui de Johnny Depp. Pourtant, la comparaison prend rapidement fin.
L’univers de la piraterie fascine Joone bien davantage que l’œuvre de Verbinski (directeur des trois Pirates des Caraïbes). Le réalisateur y développe son univers sexuel. L’océan peint un bleu romantique. Le vent excite les voiles et, caressant les réseaux textiles, les gonfle. Le vaisseau fend alors la mer avec désir et sauvagerie.

Brimer la fucking coque et accentuer le mouillage.

Joone ne se contente pas de décors merveilleux et déjà si érotiques mais se laisse aller à fantasmer la piraterie. Intervient alors ce qui, à mon sens, sous-tend la sexualité du film: le brouillage du genre féminin.
Les femmes sont-elles des hommes? Elles se battent, tiennent tête aux humains membrés, rattrapent les situations désespérées lorsque le capitaine Edward Reynolds (Evan Stone) se planque lamentablement derrière un tas de corde pour fuir l’ennemi. La femme-virile, la femme-couillue, la femme-homme, et, par conséquent, la femme qui aime les femmes. On ne compte pas moins de sept scènes (sur dix au total) faisant participer ensemble deux femmes ou plus. Peu nous importe de savoir si Joone effectua un travail documentaire en amont ou s’il intègre instinctivement le thème de l’homosexualité. Car, effectivement, la société marine et plus particulièrement celle des pirates subit la tentation homosexuelle. De plus, la lesbienne devient quasiment un personnage mythique. La lesbienne c’est la castratrice. La lesbienne, c’est celle qui jouit sans se prendre une grosse bite dans la chatte. La lesbienne, c’est celle qui fait hurler de rage le plus grand des pirates: Jack Rackham.
C’est de ce dernier que s’inspire Hergé pour créer Rackham le rouge. Mais, le marin a bel et bien existé. Il avait à son bord les deux femmes pirates les plus célèbres de l’Histoire: Anne Bonny et Mary Read. Leur vie se place sous le signe du travestissement. Rackham, lui-même, ignore très longtemps la féminité de Mary Read. Parfois, le travestissement remonte à l’enfance et devient traumatisme psychologique. Le frère de Mary décédé, la mère commence à l’habiller en garçon pour conserver l’aide financière qu’adressait la grand-mère à l’aîné. La conscience de l’injustice sexuelle marquera sans doute la petite Mary. Ô, si elle savait! Anne Bonny également cache par tous les moyens sa féminité et aurait tué un pirate qui eût découvert ses seins ronds et sa chatte poilue de pirate. Il existe une thèse sérieuse concernant la relation homosexuelle entre les deux femmes. Nous adhérerons, excités, à cette version des faits.
Joone s’appuie sur un matériau tant historique que fantasmatique. Cependant, le metteur en scène s’interdit de se faire inconsidérément sociologue et historien. Ses héroïnes (à la différence d’Anne, de Mary mais aussi d’Elisabeth Swann) ne cachent pas leur sexe. Il eût d’ailleurs été bien difficile pour une Jesse Jane d’aplatir ses seins plastifiés. En cela, Joone se fait moderne. Les conflits sexuels n’existent plus. Le sexe faible prend sa revanche. Jesse Jane lutte courageusement, Belladonna vient sauver la lopette du serpent géant et Shay Jordan maltraite son amant réticent au mariage. Le public tant masculin que féminin se délecte de ce renversement.


La Pirate


À la différence du premier volet, le casting, cette fois, frôle la perfection. Pirates XXX constituait un premier essai intéressant. Cependant, les actrices étaient bien trop sucrées.

Jesse Jane

Je l’élirais volontiers « plus belle blonde du cinéma actuel ». Laissons de côté ses deux énormes pastèques blanches qui cassent les pieds à certains (la belle les a-t-elle laissées tomber sur leurs pattes? Ouille ouille ouille). Personnellement, le silicone bien utilisé ne me dérange pas. Savoir un élément étranger, chimique et synthétique à l’intérieur d’un corps organique ne fait que décupler l’érotisme. Et, à choisir entre deux paires de seins identiques, l’une naturelle, l’autre siliconée; je ne garantis pas d’élire la première.
Je me permets de répéter une réflexion que j’avais rédigé dans mon journal il y a quelques années (quelle horreur que l’autocitation):
« La force de Jane réside dans sa lutte perpétuelle contre ce qu’engendre le jaune/blanc de sa chevelure. Jane demeure la blonde la plus canine que je connaisse. C’est une playmate qui s’échappe du manoir. Ses seins, gonflés artificiellement, tiennent de leur étau massif le scalp de Hugh Hefner. Ses yeux, étonnamment noirs sécrètent une substance pétrole comme si l’immense fondateur de Playboy l’avait, avant son assassinat, ensorcelée. Jesse se voit condamnée à porter ces yeux aveuglés, comme rapportés d’une autre personne. Ils marquent à jamais son visage, ils sont le signe du mal et l’accusent d’un crime abominable. Ils sont là pour qu’elle soit vue et non l’inverse. »

Katsuni

Et ne nous trompons pas sur la dernière consonne de peur de payer dommages et intérêts.
Notre française, malgré son regard asiatique, ne bride pas sa performance.

P: Combien de fois la voit-on dévêtue?
Q: Une fois mon capitaine.
P: Êtes-vous déçu?
Q: Un peu, mais ce qui compte c’est d’appartenir au film.

Nos dialogues philosophiques entre P et Q nous permettent souvent de comprendre plus aisément des notions complexes.
Katsuni suce, se fait enfiler par le chibriape chargé de Tommy Gunn, léchouille un peu le délicat minou de Jane. Durée: 5 minutes. Alors, bien sûr, je peux comprendre une certaine déception. J’imagine même la frustration extrême des fans de la superbe Chatte Soumise. Pourtant, l’important était « d’appartenir au film » comme l’explique formidablement Q.
En effet, Katsuni, malgré une absence de scènes X, brille de mille éclats. Elle incarne formidablement ce personnage méchant, sans scrupules, suppôt d’un Satan maritime. Son accent français volontairement extrêmement prononcé (il ne pourrait en être autrement quand on connaît son intelligence) capte le public américain. Digital Playground veut installer la belle dans son rôle de femme fatale méchante. Katsuni incarne l’autorité (on se rappelle sa formidable performance dans Nurse où elle arrache d'un coup, sans précaution ni anesthésie, une Barbie logée dans l'anus du patient Evan Stone ) et, en interprétant un rôle régulier, elle acquiert un emploi, une persona. On la limite à une fonction, quelle horreur?
Rassurez-vous, l’identification passe par la systématisation et; l’identification reste la voie la plus rapide vers la starification. Ensuite, notre Katsuni, fierté de tout le peuple de France, pourra toujours ranger ses griffes et prendre le public à contre-pied. Les oscars ne sont-ils pas sans cesse décernés aux rôles à contre-emploi? garde espoir petit branleur qui veut une Katsuni caressante…

Jenna Haze

Élève douée. Sa soumission toute en légèreté et gaieté nous touche. Haze confirme son statut de fille heureuse. J’adore ça, mais reste persuadé que cette performeuse conserve une marge de progression conséquente. Nous avons aussi remarqué combien Joone apprécie la culture française en rendant un véritable hommage déguisé à Angélique et le sultan réalisé par Bernard Broderie avec la superbe Michèle Mercier. Le personnage incarné par Jenna est une esclave si heureuse d'être vendue à un si beau capitaine (Stone) qu'elle offre son petit popotin. C’est ici que la signature joyeuse de Haze pose problème. En effet, son bonheur apparent vient banaliser la pratique de l’esclavage et témoigner, finalement, d’une bien drôle de mentalité.

Belladonna et Sasha Grey

Je te vois déjà m’adresser des réserves ô, toi, lecteur. D’autant que tu me connais et sais à quel point je voue un culte à ces deux actrices. Tu te dis: « Mais pourquoi traite-t-il de ses deux amazones préférées dans une seule sous sous… partie? Feu. »
J’aime tant Belladonna, la reine de l’Alt Porn.
Je suis tellement en admiration devant Sasha Grey, impératrice du canin fait femme et future méga star internationale de cinéma traditionnel (c’est-à-dire le cinéma grand public qui rejette l'élitisme pornographique).
Je n’en rajouterai pas. Un seul hic, les cheveux longs ne siéent pas à Belladonna. Passons.
L’une des scènes marquantes du film (et ma préférée) met en relation Belladonna et Sasha Grey. Et Evan Stone, accessoirement, pour diriger l’orchestre de sa baguette.
On assiste, que Belladonna l’accepte ou non, à un passage de témoin ou, tout au moins, à une confrontation entre deux générations. Belladonna (29 ans) lèche une muqueuse de 7 ans sa cadette. Les deux femmes, superbes, le pubis impeccablement dessiné, se livrent à des jeux érotiques fantastiques. Les deux chantres de l’agressivité sexuelle ébattent et combattent. Et, au royaume de l’Alt-Porn, la motivation des salopes passe par des encouragements. Sasha Grey prononce à la belle Donna des formules parfumées: « Give your fucking mouth to me ». Belladonna gifle Sasha, lui tire la toison comme pour lui arracher ces précieux fils organiques si délicieux au petit déjeuner. Sasha reprend vite le dessus et, de ses mains expertes, caresse la chatte et fiste le trou du cul de Bella. Mais, lors de cette scène, Grey se laisse aller à baiser goulûment mais surtout, tendrement, l'omoplate de sa partenaire. Le montage ne s'y attarde pas mais il est trop tard. On a tout vu. Un amour-salope règne entre les deux anges du vice. La réciprocité intervient. Belladonna enfouie sa tête entre les petites fesses à la recherche d'une quelconque matière qu'elle puisse garder en bouche, un goût onctueux, que le temps serait impuissant à altérer. Elles s’échangent encore avec délectation ce fantastique mélange salive/mollard qui, pendouillant à une lèvre, se voit gobé par une large bouche.
Justement, cette distribution de saveur, cette envie d'arracher, de détacher une partie du corps de l'autre pour le déguster à plaisir, témoigne d'un amour entre les deux.
Belladonna, en maîtresse experte et championne de la gorge profonde, force Sasha à une fellation renforcée. Le sperme jaillit d'un sexe couronné de doigts tatoués. Belladonna reste merveilleuse. Elle fait de Grey sa fille spirituelle et corporelle. Sasha lutte contre la tentation de la douceur et se livre à une performance de chienne; en un mot, elle remercie.
Je me trompais tout à l'heure.
Il ne s'agit en aucun cas d'un passage de flambeau. Il s'agit d'un adoubement.

Pirrate: le PIR RATE le meilleur.

Pirates II: film le plus cher de l’histoire du porno.
Pirates II: film porno utilisant (comme le premier volet) la technique du Blue Screen (avec écran vert comme son nom l’indique).
Pirates II: film constitué d’un scénario intelligent.
Pirates II: film comportant des scènes pornographiques assez courtes (cinq minutes et quarante secondes en moyenne) pour que tout le monde participe à la fête.

Vous le devinez sûrement, nous ne nous lancerons pas dans une analyse purement formelle de cette œuvre géniale. Lorsqu’un objet frôle la perfection, la critique se doit de déserter l’esthétique pour se concentrer sur l’éthique.
Joone engage un combat contre le médiocre
Le grand ennemi de l’industrie porno c’est le trop plein de créations, ces réalisateurs du dimanche qui osent soulever quelques kilos de caméra (parfois moins selon les modèles) pour capter images et sons. Un zizi par ci, une nana par là, un anus en plus… Joone voit le salut dans l’innovation et l’argent.

Votre serviteur, évidemment habitué des salons libertins de tous horizons, s’est souvent vu agressé par les défenseurs du porno pauvre et les détracteurs de l’ami Ali. Ils lui reprochent son œuvre ampoulée, son goût certain pour l’esbroufe, son irrésistible propension à la branlette esthétique dont le produit viendrait se loger dans leurs mirettes comme de la poudre dans des yeux. Les anti-Joone se rappellent comment le porno se doit de conserver le Do It Yourself punk et alternatif. Ils pèchent éthiquement par un excès moraliste, par une trop grande et commode pensée d’obédience gauchiste.

QUE PERSONNE NE ME TRAITE DE PENSEUR VENDU AU CAPITALISME

Je sors mes mouchoirs en papiers et torche mon corps de vos sarcasmes et diatribes! Je pense librement. Et ceux qui, autrefois, ont ouvert la voie lumineuse du cinéma pornographique, vous regardent avec mépris. Certaines réalisations à petit budget sont de véritables chefs-d’œuvre et je cracherai mon encre aussi souvent que nécessaire afin de les défendre. Mais j’affirme également que la plupart des réalisateurs amateurs ne font qu’imiter les véritables pornos (bons ou mauvais) qui ont défilé devant leurs yeux émerveillés. Le cervelet bombardé de fantasmes, Jacky le caméraman perd l’équilibre, oublie ses propres désirs et se contente de mettre en image ceux des autres.
Je l’affirme en toute humilité et sans aucun élitisme: la vie sexuelle de Jacky ne m’intéresse pas.
La technologie se rapetisse entre les doigts de Joone (voir le signe évocateur de Johnny Depp). Le Blue Screen, l’utilisation des filtres, l’interactivité de ses Virtual Sex… tous ces procédés, aussi complexes et intelligents soient-ils, ne constituent que le marteau dont se sert Joone, en architecte.
Ali, je le pense, ne se croit pas bon réalisateur. Il a tort. Je vois son manque d’assurance comme l’unique anicroche à un génie total.
Je partageais à l’époque un logis avec un ami encore très proche. Son visage s’illuminait devant les images d’Island Fever.
Le porno est un combat pour Joone. Un plan se doit de transpercer la banalité, un travelling porte l’estocade à la facilité et Pirates II part à l’abordage de la médiocrité ambiante.
« Le porno n’est pas artistique » disait un abruti. Joo-ne suis pas d’accord.

Bonus

Je ne résiste pas au plaisir de vous faire partager ce petit bijou d'humour et de créativité. J'ai longtemps attendu sa diffusion sur Cartoon Network, Disney Channel ou autre Gulli, en vain.



Bien amicalement,

le duc de Jom Puan




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire